J’ai envie de vous partager —sans filtre ou artifice— un aspect de ma vie que je présente rarement as is: ma maison. En parcourant les réseaux sociaux, il est facile de se laisser emporter par l’idée que toutes les maisons sont parfaites, impeccables comme dans un magazine de décoration. Case in point: Les photos qui accompagnent ce billet sont justement de cette nature, léchées et où toute trace de notre quotidien a été judicieusement mis en scène pour promouvoir une idée de perfection digne de publication. Cependant, ma réalité (comme la vôtre, j’en suis certaine) est bien différente. Je m’explique.
La maison “Instagrammable”
Je ne suis pas imperméable à l’idée d’une maison qui soit une vitrine soit de tendances du moment. Cette course sans fin d’un intérieur qui suive le zeitgeist décoratif du moment m’a fait négliger les éléments qui me plaisaient vraiment, pour les remplacer par des choix dictés par les likes et les commentaires. Les tendances évoluent à une vitesse folle et incitent, par la bande, à des rénovations et des achats impulsifs. J’avoue que j’ai cédé à cette frénésie de consommation, seulement pour réaliser que tous ces changements ne nous rendaient pas plus heureux à la maison et qu’au contraire mon anxiété ne faisait qu’augmenter à pensant au prochain cycle de tendances qui allait rapidement émerger. Mon intérieur était devenu une toile en perpétuelle évolution, mais je cherchais toujours quelque chose de plus profond.
Performer l’intérieur
L’autre constat que j’ai fait c’est comment, au-delà des tendances, mon lieu de vie est un endroit performatif d’une image soigneusement étudiée que je souhaite projeter à ma communauté. Lorsque chaque coin de notre maison est méticuleusement arrangé pour des photos, la réalité peut se dissoudre. J’ai réalisé que je ne montrais qu’une facette soigneusement sélectionnée de ma vie, masquant les moments chaotiques et imprévus qui rendent la vie authentique. Les sourires forcés devant la caméra ne remplaçaient pas les éclats de rire naturels et les moments de tendresse en famille.
L’épuisement créatif
Je ne pensais jamais dire ça, mais créer du contenu sans fin pour alimenter la plateforme, augmenter le nombre d’abonnés.es, est épuisant. La pression constante de devoir documenter chaque événement et chaque changement dans ma maison était éreintante. Je me suis rendue compte que je perdais parfois le plaisir simple d’exister dans ma propre demeure. Depuis quelques temps, je repense ma relation avec Instagram et ma maison. J’ai décidé de mettre fin à la quête incessante de perfection pour retrouver l’essence véritable de ma maison. J’ai commencé à redécouvrir le bonheur dans les détails, dans les moments de tranquillité, et dans les objets qui avaient une véritable signification pour moi, au lieu de suivre aveuglément les tendances.
Et puis, comme Alice, je me suis laissée emporter dans le trou du lapin où j’ai fait de nombreux autres constats sur la relation entre ma maison et celle que j’entretiens avec Instagram.
Le désordre fait partie de la vie
La vérité est que ma maison n’est pas toujours parfaitement rangée. À tout moment on retrouve chez moi du lavage qui est en attente d’être plié, des jouets de chien—à moitié machouillé—qui pourrait servir de figurants dans un film de Chucky, et des petits plats à lunch qui sèchent sur le comptoir de la cuisine. Et vous savez quoi ? C’est parfaitement correct comme ça. Cela signifie que ma maison est habitée et que la vie s’y déroule. Je préfère vivre dans un espace confortable et chaleureux plutôt que dans un musée impeccable. Mais c’est vrai que je le cache de mes plateformes, préférant plutôt publier des moments où j’ai l’air de savoir ce que je fais.Les projets “en attente” comme toile de fond
Ensuite il y a le fait que ma maison est un laboratoire d’essais de toutes sortes de projets entrepris mais jamais finis, ou en devenir. Les projets de réno ne sont jamais bien loin non plus, avec leur lot d’outils et de poussière. Cela peut sembler chaotique, mais cela signifie aussi que nous investissons dans notre maison et que nous la rendons plus belle au fil du temps. Le mot clé ici étant le temps. C’est le temps qui manque parfois pour amener à terme nos bonnes idées et intentions. Ça non plus je ne m’en vante pas, du moins pas en photos ou en stories.
La vraie vie implique des compromis
Nous avons tous des budgets à respecter et des priorités différentes. Parfois, cela signifie que nous ne pouvons pas acheter le canapé de designer que nous avons vu en ligne, ou que nous devons choisir des meubles pratiques plutôt que des pièces tendance. Dans mon cas c’est que nous avons adopté un bébé corgi il y a trois mois, et que j’ai dû remiser tous nos tapis pour le moment, afin de rendre les accidents moins difficiles à nettoyer. C’est vrai que c’est moins joli d’exposer nos planchers centenaires peints plutôt que de les déssimuler habillement sous de jolies carpettes colorées. Mais c’est ça qui est ça, ma maison reflète nos choix et notre personnalité, même si elle ne répond pas toujours aux “normes perçues de perfection” que nous vendent les médias sociaux.
Le Wabi-Sabi de mon quotidien
Ma prochaine raison est personnelle, mais je trouve que les imperfections ont leur charme. On voit souvent des maisons parfaitement stylisées, avec des coussins parfaitement alignés et des murs sans aucun défaut. Cependant, dans la vraie vie, les imperfections font partie de notre quotidien. Un mur éraflé, une tache sur le tapis ou une chaise qui grince sont autant de souvenirs et de caractère qui rendent ma maison unique. Plutôt que de les cacher, j’aime les considérer comme des parties importantes de mon chez-moi. L’histoire que ces objets raconte prend priorité sur le reste.
L’authenticité avant tout
Finalement, je crois fermement que notre maison devrait être un reflet de qui nous sommes et de ce que nous aimons, plutôt qu’une mise en scène pour impressionner les autres. J’adore voir les maisons des autres sur les réseaux sociaux, mais je préfère vivre dans un endroit qui me ressemble, même s’il ne répond à aucune tendance du moment. Je suis une fervente observatrice de ces dites tendances, mais il n’y aura jamais plus de moments où je me sentirai obligée de les adopter. Les seules tendances qui entrent dorénavant chez nous sont celles qui nous plaisent, quand elles nous conviennent ou que nous avons besoin d’apporter un changement par que les enfants grandissent ou qu’un meuble est abîmé beyond repair.
Ça fait un moment que je pense à tout ceci et je voulais vraiment écrire ce billet aujourd’hui car il est trop fréquent que nous nous laissions emporter par l’idée que ce que nous voyons sur les réseaux sociaux représente la réalité. Ces images, composées avec soin et minutie, relèvent davantage de l’art visuel que de la simple retranscription de la vie quotidienne. Ce sont des vignettes esthétiquement harmonieuses qui rivalisent pour capter l’attention éphémère des utilisateurs. Alors la morale de l’histoire est: appréciez votre maison pour ce qu’elle est et rappelez-vous que c’est là que se déroulent les moments les plus précieux de la vie.
Photos de ma maison par Lauren Kolyn
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